Patrick JAY a grandi au cœur de l’immensité des forêts de l’équateur africain, sur les rives du grand fleuve Oubangui. C’est dans ses eaux sombres que réside, selon la croyance, l’exigeante déesse des eaux Mami Wata.

Il nous raconte son enfance peu banale de petit garçon français élevé au contact d’une nature équatoriale démesurée, à la fois généreuse et implacable. Au-delà des descriptions colorées d’un quotidien juvénile sous le soleil africain, il nous livre les étonnements, les émerveillements, mais aussi les questionnements et les inquiétudes d’un enfant qui grandit dans un environnement aussi extrême.

A travers les souvenirs de son enfance africaine et les chroniques d’un quotidien solaire extrême, il nous fait découvrir la magie de ces années au cœur de l’Afrique, rythmées par les flamboyances sensorielles équatoriales et les caprices du puissant fleuve habité par l’esprit de la déesse.

Tout au long de ces chroniques il nous raconte comment cette matrice équatoriale exceptionnelle a façonné son enfance, parfois avec brutalité mais toujours avec générosité.Pour partager un maximum de savoir-faire, d'expériences et d'émotions.

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Mami Wata / Yemanja et mon enfance : extrait du livre

" Nous habitions dans une grande maison en bois odorants d’iroko et de doussié, peinte de jaune éclatant et de rouge vif, au cœur d’un grand jardin planté de fleurs exubérantes et encerclé d’herbes sauvages aux parfumx âcres. Et bien sûr, autour de cette maison colorée s’étendait l’Afrique entière. Mais avant tout, juste devant elle s’écoulait le grand fleuve.
Aussi, la « case », comme nous l’appelions, se tenait-elle perchée sur de hauts poteaux massifs badigeonnés de blanc. Ainsi surélevée, elle nous mettait à l’abri des débordements du puissant fleuve, de ses inondations imprévisibles et impétueuses qui envahissaient la brousse alentour à chaque saison des pluies. Et ces pilotis nous rappelaient aussi chaque jour que nous vivions au royaume de la déesse des eaux, la Mami Wata. Et que la gardienne des eaux turbulentes du fleuve Oubangui restait la véritable maîtresse des lieux.
Mon enfance a été baignée de sa présence invisible ; elle a été le fil conducteur toujours présent de mon enfance Centrafricaine.
Mami Wata est le nom donné à la déesse des eaux en Afrique centrale et de l’Ouest, sur les rives du Golfe de Guinée. C’est l’autre nom de la déesse Yemanja du Brésil. Elle revêt l’apparence d’une sirène séductrice à la peau laiteuse, aux cheveux sombres bouclés, au regard irrésistible ; un serpent s’enroule parfois autour de son corps écaillé, reposant la tête entre ses seins lourds. 

Mami Wata est toute puissante par son charme, mais aussi capricieuse, volage et autoritaire vis-à-vis de tous ceux qui s’approchent de ses eaux. Ainsi, les rives des fleuves, des rivières, des mares, le moindre point d’eau, sont approchés avec circonspection et crainte, car susceptibles de provoquer une rencontre avec la déesse exigeante. Elle peut surprendre l’homme égaré près de tout point d’eau, parfois au détour d’une piste coupée par une rivière en crue, ou sur le flanc d’une colline détrempée par une pluie diluvienne, aux abords d’un campement dans la savane arborée, établi un peu trop près d’une rivière … " 

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 Inondations : quand le fleuve déborde, la Mami Wata reprend ses droits

C’était pendant la saison des pluies que le fleuve rappelait sa puissance à notre souvenir. Mami Wata devait s’en réjouir, bien sûr, qui voyait son terrain de chasse s’agrandir. Délaissant pour un temps les pêcheurs et riverains aguerris du fleuve, elle allait pouvoir s’attaquer aux campagnards, proies moins averties et moins vigilantes…  

L’inondation des parties basses de la région de Bangui était annoncée par une augmentation de la fréquence des pluies sur la région et le gonflement progressif des eaux du fleuve. Cet enflement était provoqué par d’autres pluies, très importantes, en amont dans l’est du pays.

La couleur des eaux du fleuve changeait aussi, tournait au gris sombre. La surface perdait de sa luminosité, le soleil étant moins présent. Ses eaux ressemblaient au dos d’un gros animal sur le point de se réveiller.    

Gavé des pluies de la nouvelle saison, l’Oubangui allait bientôt rejeter le trop plein d’eaux qui ferait de notre concession et des alentours un marécage pour de nombreuses semaines. La route de latérite serait la première recouverte par les langues de liquide grisâtre, et se révèlerait très vite impuissante à contenir son flot lent, constant, obstiné.

Pendant les jours précédents le débordement de la route la terre noire de la concession laissait suinter chaque jour un peu plus les eaux dont l'Oubangui ne voulait plus. Notre maison étant située en contrebas de la route, elle était la première à subir la montée des eaux.

Le fleuve semblait comme en travail, à la veille de la perte des eaux, en instance d’accoucher du fruit de son long parcours sous les pluies diluviennes d’amont.    

Puis, très vite, des flaques de plus en plus larges apparaissaient dans la terre noire et meuble du jardin. C’était le signal que dans quelques jours le jardin entier serait inondé, de quelques centimètres d’abord, puis en général d’un à deux mètres d’eau...

 

 

Bangui la coquette

Bangui est une toute petite ville. On la surnomme « La coquette », ce qui peut se justifier d’une certaine manière par son côté très familial, très villageois. Elle baigne ses pieds dans le fleuve Oubangui, et est couronnée par une série de collines boisées, peu élevées d’à peine quelques cent mètres de haut.   

Ce n’était pas une de ces métropoles qui ponctue l’Afrique du sud, par exemple, ou encore l’Afrique de l’Ouest, comme Lagos au Nigéria, par exemple. Elle n’avait rien en commun non plus avec Abidjan en Côte d’ivoire, où j’ai vécu quelques années plus tard, non. 

Cette ville était plutôt comme une petite ville de province. Si vous cherchez sur internet des photos de Bangui, vous vous en rendrez vite compte. Vous verrez à quoi elle ressemble, son charme provincial, tranquillement assise entre fleuve et collines. Et comme elle a très peu changé, vous pourrez vous imaginer à quoi elle pouvait ressembler dans les années soixante et soixante-dix.

Bangui s’articulait principalement autour d’une place centrale où étaient situés de nombreux commerces divers. Puis plus haut, se trouvaient des ministères, des résidences, la cathédrale et. Au-delà, la petite ville finissait en appuyant ses dernières maisons et l’école Catholique contre une série de collines recouvertes d’une forêt très dense.   

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